Voici mon premier et mon seul récit fantastique, il n'est pas très subtile, mais bon ...
Récit nain
- Les gobelins sont à quelques dizaines de kilomètres, dans le col de la barbe coupée, dit le jeune ranger au vieux nain devant lui.
Ce dernier se gratta longtemps la barbe avant de répondre :
- Combien sont-ils ?
- Un bon millier, j’ai aussi observé des dizaines de trolls de pierre.
- Mumh … Dans quelle direction ?
- Vers le Nord monseigneur.
- Transmettez les ordres aux ingénieurs : Je veux que toutes les barricades et les machines de guerre soient orientées vers le nord. Dites aussi à votre chef de faire patrouiller des rangers dans les montagnes aux alentours. Ces gobelins pourraient très bien nous tendre un piège.
- Bien monseigneur.
À ces mots le jeune ranger s’éclipsa furtivement de la tente. Le seigneur nain Grom Barbe-Blanche recommença alors à se gratter la barbe, signe qu’il réfléchissait. Lui et son frère Karl Barbe-Blanche avaient été chargés par le roi de Barak-Varr de protéger le col de la barbe coupée, une des nombreuses expéditions lancé par Barak-Varr pour repousser les assauts des Gobelins. La situation était excellente. Disposé sur des terres à peu près plates, ils n’étaient qu’à une centaine de mètre de la montagne, ce qui signifiait que les gobelins devraient passer en file indienne par le défilé pour les attaquer. Mais son clan ne comptait que 400 soldats, ce qui était un peu maigre face à mille grobis. Chassant les idées noires de sa tête, Grom décida de faire un tour dehors.
C’était la fin de la journée, les gobelins attaqueraient donc la nuit, constata Grom en grognant. Le camp était en pleine activité : Les servants faisaient pivoter les machines, les forgeront réparaient les armes et les armures, les soldats s’entraînaient. Alors qu’il traversait le camp, une main se posa sur son épaule.
- Salut à toi mon frère, les nouvelles sont bonnes ?
C’était Karl le seigneur des runes, son frère.
- Pas vraiment. Les rangers ont vu un millier de grobis vers le nord.
- Je l’avais senti …
- Est-ce que les runes-pièges sont prêtes ?
- Oui, dès que les grobis passeront le col, nous verront s’ils résistent à la roche en fusion.
- Excellent ! Et les troupes ?
- Ils sont tous nerveux, mais ils n’ont pas peur.
- Et les tueurs ?
- Snorrilson et une trentaine de tueur se dirigent vers nous, mais ils sont encore loin. Ils devraient arriver à l’aube.
- Et bien nous nous passerons d’eux. Si tu veux bien, je vais aller avec mes Longues-Barbes.
- Je vois. Une petite beuverie avant la victoire !
Sur ces mots, Karl partit vers son enclume, alors que Grom se dirigeait vers la tente qui faisait office de taverne.
Dun courrait à perdre haleine depuis quelques minutes, poursuivi par ce qui semblait être un troll de pierre. Sur une plaine, le troll aurait vite rattrapé Dun, mais ils étaient dans la montagne, et Dun étaient plus vif que la plupart des nains. Il courrait aussi vite que le permettaient ses courtes jambes, faisant des petits sauts, glissant sur les rochers.
Mais il arriva finalement devant un ravin extrêmement profond, et large d’environ trois mètres, ce qui était bien trop loin pour sauter. Derrière lui le troll arrivait, faisant trembler le sol sous ses pieds. Il était maintenant à quelques mètres de Dun, et il poussa un puissant rugissement. Dun y répondit en envoyant férocement sa hache de lancer, qui se planta dans la poitrine du Troll. Malheureusement, le troll ne parut pas s’en apercevoir, et il abattit sa gigantesque massue sur le jeune nain, qui l’évita de justesse. Dun sortit alors la hache runique de son père, Trolldrengi, qu’il avait promit de protéger. « Cette hache vaut bien plus que ta vie, prends-en soin ! » lui avait mainte fois répété son père. Autant mourir avec elle, pensa Dun. Les deux combattants frappèrent, mais la force du troll envoya Dun valdinguer quelques mètres plus loin, dans le ravin. Il eut le réflexe de s’accrocher au rebord opposé tout en tenant la hache runique.
Derrière lui, le troll se préparait à sauter. Au prix d’un effort surhumain, Dun réussit à mettre un genou sur le sol, puis à se hisser complètement. Il se retourna alors, pour voir le troll sauter vers lui, la main en avant. Le temps semblait s’être élargi, tout était au ralenti. En criant le nom de son arme, il assena un coup à la main tendue, ce qui empêcha le troll de s’accrocher. Dun ne l’entendit jamais toucher le fond du ravin.
Reprenant son souffle, Dun fit le point de la situation. Sa patrouille avait été massacrée, et trois dizaines de trolls se dirigeaient vers le flanc de l’armée naine en contre-bas. Il devait prévenir Karl et son frère, au plus vite.
Il pleuvait. Grom grogna son mécontentement :
- Par Grungni, pourquoi les batailles de nuits doivent toujours être sous la pluie !
- C’est sûrement une sorcellerie des gobelins, répondit son frère d’un air grave.
- Peut-être. Mais ça ne les empêchera pas de se faire massacrer ! Il se tourna vers les balistes. Avez-vous préparé les traits enflammés ?
- Oui mon seigneur, nous tirerons à votre ordre !
- Excellent ! Lança t-il d’un air pensif. Excellent.
Il observait minutieusement le col, plissant les yeux pour apercevoir quelque chose.
- Mumh … Il m’a semblé voir des mouvements dans le col, dit-il.
- Moi aussi, répondit simplement son frère.
- Balistes, feu !
À ces mots, des dizaines de traits enflammés parcourirent le terrain, pour y dévoiler au moins deux centaines de gobelins en marche ! Aussitôt, Karl frappa plusieurs fois sur son enclume, et un mince filet de fumée bleuâtre s’en échappa, et se dirigea lentement vers le col. Les secondes qui suivirent parurent durer une éternité, mais l’étrange fumée atteignit finalement la roche. La pierre explosait, fondait, laissait s’échapper des volutes de vapeur, et des tonnes de roche en fusion s’abattirent sur les gobelins dans un spectacle magnifique. Mais même si au moins cent gobelins étaient à terre et que le col était presque scellé, les grobis ne se décourageaient pas. Ils dévalaient les flancs de la montagne par centaines, accompagnés de trolls des montagnes.
- Toutes les machines de guerre, feu ! cria Grom d’une voix forte. À ces mots, les canons crachèrent, les catapultes et les balistes vibrèrent, et les gobelins tombaient comme des mouches. La terre tremblait sous la puissance des machines Naines alors que les grobis qui s’approchaient trop étaient accueillis par le sifflement des arbalètes. Mais toujours plus de gobelins et de trolls parvenaient à passer, et bientôt le corps à corps s’engagea. Les hordes de grobis se massaient contre le mur de bouclier que formaient les Nains alors que les archers gobelins lâchaient quelques timides salves sur les défenseurs. Mais soudain, plusieurs gobelins de la nuit furent pris d’un excès de folie, et dévoilèrent leurs terribles armes, de lourd boulet relié à une longue chaîne. Des voix naines retentirent : « Des fanatiques ! », et les gobelins commençaient à tourner sur eux même, fauchant leurs compagnons et s’approchant dangereusement des lignes Naines. Grom, nerveux, lança son ordre : visez les fanatiques ! » Ordre inutile, car les tireurs avaient réalisé ce que leurs cibles pouvaient faire. Nombre de fanatiques s’écroulèrent, mais il était trop tard. Les six gobelins restants s’enfoncèrent dans les lignes Naines, faisant voler les boucliers et les corps dans les airs. Les nains reculaient, et ils se seraient sûrement repliés si Karl n’avait pas frappé sur son enclume du destin, envoyant des boules de feu flamboyantes détruire les fanatiques. Encouragé par Grom, les nains reprirent leur position et continuèrent à se battre. Grom et ses longues barbes fauchaient les gobelins de leurs longues haches, et bientôt plus aucun peau verte ne voulut s’approcher d’eux.
« Pour Grugni, continuez à vous battre, gardez la ligne de front ! » Cria-t-il d’une voix forte.
Dun était terriblement fatigué, il voulait s’asseoir mais il savait qu’il ne pouvait pas. Si les trolls parvenaient à détruire l’armée naine, se serait de sa faute. Il devait les prévenir. Il continua donc sa course à travers les montagnes désolées. Après quelques temps, il arriva sur une corniche qui surplombait le champs de bataille. Ce qu’il vit lui coupa le souffle. Il avait beaucoup de peaux-vertes. Beaucoup plus que mille. Il y avait aussi des orcs noirs, des chevaucheurs de sangliers sauvages, des géants et d’innombrables trolls … sans compter la tribu de trolls qu’il poursuivait.
Le clan des Barbre-blanche n’avait absolument aucune chance. Mais soudain un cor retentit dans le col. Un cor de nain, et même … un cor de tueur ! En effet, trois centaines de nains arborants la chevelure oranges du culte des tueurs dévalaient les pentes pour intercepter la tribu de trolls. Ce n’était pas un régiment, mais bien une armée de tueur, qui portait haut l’étendard de Karak-Kadrin. Seul une trentaine de nains appartenaient à Barak-Varr. Réanimé par cet espoir imprévu, Dun se prépara à combattre les trolls comme il le pouvait.
Mais un d’eux l’avait remarqué et marchait vers lui. C’était un troll monstrueux et difforme, et sa peau semblait aussi dur que la roche. Dun savait que cette fois, il ne pouvait s’enfuir. Il chargea donc l’immense troll, et il réussit à lui assener deux coups avant que le troll, furieux, ne s’empare de sa hache, laissant Dun sur le sol. La créature stupide regarda pendant quelques instants la hache finement ciselée, puis la brisa en deux, après quoi il se retourna pour combattre les tueurs.
Dun était abattu, il réalisa à peine qu’un long filet de sang coulait sur son front. Il avait faillit. Trolldrengi, cette hache qui avait été forgée il y a un millénaire, avait été brisée à cause de lui. Il n’avait pas respecté son serment.
Les bruits de la bataille environnante lui parvenaient à peine. Il passa sa main sur son front devenu rougeâtre. Il badigeonna ensuite sa chevelure blonde de son sang, ce qu’il lui donna une teinte orange. Puis, il déchira son armure matelassée. Alors, il prit la hache d’un tueur étendu près de lui, et se jeta sur ses ennemis en hurlant.
« Trolldrengi ! »
Grom, en bon seigneur nain, pensait qu’il y avait encore de l’espoir pour son clan de vaincre les gobelins. Mais lorsque l’aube arriva, il aperçut l’ampleur de l’armée ennemie.
Il y avait des milliers d’orcs et de gobelins, soutenus par des centaines d’autres monstruosités. Son clan ne pouvait les vaincre. Nombres de guerriers étaient morts, et les autres étaient épuisés. Leurs boucliers étaient fendus et leurs armes ébréchées. Les arbalétriers avaient épuisé leurs munitions, et se battaient maintenant au corps à corps. Mais soudain les choses allèrent très vite. Une multitude de cor nain retentirent à l’ouest. Il se retourna et aperçut qu’une trentaine de trolls se dirigeaient de leurs pas lourds vers les machines de guerre. Mais derrière les trolls, une avalanche de Tueurs flamboyants dévalèrent les flancs de la montagne pour fondre sur les trolls, qui furent vite taillés en pièce. La horde orange continua alors sa course vers le flot de peaux-vertes.
Mais cela ne suffirait pas, et Grom le savait. Il aurait besoin de renforts supplémentaires. Les guerriers Nains, malgré l’apparition des tueurs, faiblissaient et le repli semblait évident.
Mais à ce moment, la lumière de l’aube passa par-dessus la montagne, et éclaira la pente est. Puis un cor retentit. Pas un cor de nain. Un son plus clair et plus glacial. Un cor d’elfe.
Alors, Grom se remémora une foule de chose. Des milliers d’années auparavant, le clan Barbe-blanche et la famille elfe d’Élandir étaient de grands amis. Ils partaient souvent en guerre ensemble, et ils décidèrent finalement qu’à chaque fois que l’un aurait besoin d’aide, l’autre devait intervenir. Mais il y a des centaines d’années, la guerre de la barbe éclata. Des milliers de Nains partirent en guerre pour venger leurs rancunes, mais les Barbe-blanche ne pouvaient pas. Une centaine des leurs seulement partirent quand même en guerre, estiment que la vengeance était plus importante que le serment. Lorsque les trente survivants revinrent à Barak-Varr, ils firent le serment des tueurs.
Serait-il possible que la famille d’Élandir se soit souvenu de leur serment ancestral ?
En haut de la colline, des centaines de cavaliers argentés se plaçaient en ordre parfait, et derrières arrivaient une centaine d’archers vêtus de la même manière. La lumière matinale était réfléchie par les armures en mithril, et un cavalier vêtu d’une armure dorée sonna une dernière fois du cor.
« Non, Barbe-blanche, nous ne vous avons pas oublié. »
Et les elfes chargèrent. Ils dévalèrent les pentes tel un éclat argenté, comme une flèche qui traverse la plaine. Les archers elfe décochèrent une volée de flèches mortelles qui abattirent des dizaines de peaux-vertes, puis les heaumes d’argents pénétrèrent dans les rangs orcs.
À leur tête se tenait le cavalier doré, sa lance était longue et il était aussi habile avec son coursier elfique qu’avec sa lance, et les peaux vertes tombaient devant lui. Les nains reprirent confiance, et combattirent les gobelins avec une vigueur renouvelée, en criant de leur voix rocailleuses : « Élandir ! Élandir ! » Prit entre l’enclume des tueurs et le marteau des elfes, un vent de panique sans nom parcouru la horde verte, qui fut dispersée et massacrée. Après la bataille, la terre était jonchée de cadavres, et pour la première fois depuis la guerre de la barbe, nain et elfe combattirent ensemble.