Une de mes première, pas la meilleure.
Le froid de la mort.
- Vous savez quoi ? Il neige ! s’exclama Cadius pour détendre l’atmosphère.
Ses compagnons n‘esquissèrent même pas un sourire. Il faut dire que passer huit heures dans une chimère glaciale et malodorante n’améliorait pas le sens de l’humour. De toute façon, il neigait toujours sur Valhalla.
- Bah, ne faite pas cette tête, on ne devrait pas tarder à arriver.
- Ouais, dit un homme près de lui. Ouais, on devrait bientôt arriver. Mais je ne pense pas que l’ambiance sera plus conviviale.
Cadius ne trouva rien à répliquer. Qu’aurait-il pu dire ? La guerre contre les Tyranides faisait rage et des régiments entiers étaient décimés. Cela ne faisait que quelques mois qu’il était à Valhalla, et il ne s’intégrait pas très bien. Pourtant, il était né sur une autre planète, tellement froide que les soldats de là-bas ressemblaient presqu’à des Valhallans. Il avait été muté ici quelques semaines après son arrivée dans l’armée pour insubordination. Il croyait avoir vécu les pires climats dans sa planète natale, mais ce n’était rien comparé à la planète glaciaire. Il avait réussi à s’adapter au froid mordant, mais pas à l’humeur des Valhallans.
Il avait été envoyé, lui et son détachement, pour enquêter sur un avant-poste qui n’avait pas donné de signe de vie depuis deux semaines. Cadius ne comptait plus les missions de ce genre. Elles se terminaient toutes de la même façon. Ils trouvaient un avant-poste grouillant de Tyranides, ils demandaient la frappe aérienne et ils repartaient. Il n’avait jamais eu à entrer dans un avant-poste.
Le crissement strident des chenilles de la chimère le tira de ses pensées.
- Terminus, soupira l’un des soldats.
La porte de la chimère s’abaissa en grincant, Cadius et son escouade débarquèrent. Ils auraient aimé faire quelques pas pour dégourdir leurs membres ankylosés, mais ils ne pouvaient pas. Toute leur attention était portée sur l’immense tour recouverte de neige. Il y régnait un silence de mort, rien ne bougeait. L’homme qui portait la radio fut le premier à parler.
- On demande la frappe, chef ?
Le sergent émit un grognement étouffé.
- Non, on ne sait pas ce qu’il y a là dedans, il faut entrer.
Tous les soldats frissonnèrent, et ce n’était pas à cause du froid. Ils s’approchèrent prudemment de la tour macabre. La porte était ouverte. Le sergent demanda aux pilotes de chimères de les attendre et de se préparer à un départ rapide au cas où. Ils entrèrent donc dans l’avant-poste mort. L’obscurité était totale, aussi touts les soldats allumèrent leurs lampes respectives. Mais le couloir semblait très long et les lampes n’éclairaient pas beaucoup.
- Un Tyranide arriverait et on ne le verrait que lorsqu’il nous sauterait dessus ! dit un homme, les nerfs à bout.
- Regardez sergent, un bouton sur le mur, fit un autre soldat.
En effet, c’était un bouton. Il était couvert de poussière mais ça restait un bouton. Le sergent appuya sans hésitation. Alors, les antiques lampes qui étaient accrochées au plafond s’allumèrent une par une, dévoilant aux soldats ébahis un spectacle horrifiant. Des cadavres. Des centaines de cadavres le long du couloir. Les hommes ne dirent pas un mot. D’ailleurs, aucun mot n’aurait pu décrire cette scène. La colonne de soldats silencieuse continua donc sa progression. Pendant deux heures, ils fouillèrent chaque pièce pour s’assurer que l’avant-poste était vide. Il l’était. Le sergent ordonna donc le retour du détachement aux chimères, ce qui provoqua des soupirs de soulagement dans toutes les escouades. Mais le soldat qui portait la radio s’adressa au sergent d’une voix angoissée.
- Chef, je n’ai plus de contact avec les chimères. Qu’est ce qu’on fait ?
- Il y avait une fenêtre dans la dernière salle, répondit le sergent, parfaitement calme. Cadius, va jeter un coup d’œil.
Cadius ne se le fit pas dire deux fois. Il se dirigea vers l’ouverture, et ce qu’il vit le glaça d’horreur. Des centaines de Tyranides grouillaient sur le sol. Les chimères étaient inutilisables, et pire que tout, des dizaines de créatures s’engouffraient dans l’avant-poste. Cadius fit volte-face et cria de toute ses forces pour tenter d’avertir ses camarades. Mais lorsqu’il arriva dans le couloir, une dizaine de nouveaux corps gisaient déjà au sol. Il épaula courageusement son fusil, et tira en hurlant toute sa haine à ces créatures. Quelques hormagant s’effondrèrent, leurs corps perfides brulés par les lasers, mais la vague vivante se rapprocha dangereusement. Il regarda derrière lui et vit que ses camarades survivants avaient érigé une barrière rudimentaire avec quelques tables métalliques. Il bondit les rejoindre et continua à cribler de tirs la marée de crocs qui avançait. Malgré le bolter lourd que ses compagnons avaient installé, leurs ennemis se rapprochaient. Cadius dégoupilla alors une grenade, et la lança dans la vague vivante. Elle fut engloutie puis explosa dans une détonation sourde, projetant des dizaines de cadavres dans le couloir noir du sang des tyranides.
- La mitrailleuse est trop chaude, cria le mitrailleur, je vais devoir faire une pause pour la refroidir.
La nouvelle fut acceillie par un grognement de la part des soldats. Il restait beaucoup de créatures au fond du couloir, ainsi qu’une autre beaucoup plus près qu’ils ne l’auraient pensé … Le Lictor qui se rapprochait avait compté sur le bruit de la mitrailleuse pour le couvrir, mais il fut prit au dépourvu lorsque la mitrailleuse surchauffée cessa de tirer. Tout les soldats entendirent alors la respiration du Tyranide. Celui-ci décida trop tard de passer à l’attaque. Il eut cependant le temps de faucher 2 hommes et d'en avaler un troisième avant d'être réduis en charpie par les gardes. Les vaillants gardes impériaux continuèrent alors le massacre méthodique des xenos, prenant soin de faire surveiller leurs arrières. Lorsque les munitions vinrent à manquer, ils dégainèrent leurs couteaux, et tailladèrent sauvagement leurs adversaires. Une demi-heure plus tard, le couloir était rempli de cadavres, il ne restait plus une créature vivante. Les gardes étaient couverts de sang, mais leurs visages exprimaient un profond soulagement. Bien sûr, ils devaient maintenant parcourir 400 kilomètres à pied, sans compter les éventuelles attaques tyranides, mais comparé à ce qu’ils avaient vécu, ce serait une partie de plaisir.